Rappelez- vous votre dernière fois, votre dernière prise de conscience face à une image sans vous poser la question de la provenance mais celle du sens.
Loin des affiches, la photographie crue permet aux modèles de ressembler à ce qu'elles sont et non à ce qu'on voit d'elles. Selon l'auteur, le modèle se laisse posséder par le piégeur d'image dans un viol consentant. L'être accepte alors d'être, sous l'œil de son créateur, un nouvel individu, personnage fantasmagorique.
Fantasme, passion, c'est un aspect christique qui ressort sous l'objectif de Marie-Magdalene LEFAURE. Intriguée par la religion et ses dévotions corporelles sous l'égide du "prenez moi, ceci est mon corps". Jésus crie et elle se décide à vous le faire entendre et goutez en portant à votre bouche le corps du "jouie".
Les femmes sont une projection du corps rêvé, désiré. Les hommes sont objets, attirants. Prendre une photo de ces modèles est avouer indirectement qu'on souhaite être en eux. L'artiste exécute le fantasme à coup de shutter et fige sur papier grinçant les gourmandises corporelles.
Marie-Magdalene à cet éclat qui ne vibre qu'au cœur de ce qu'il y a de plus sombre en chacun de nous. Elle nous éclaire d'une lumière noire. Tout comme elle, elle révèle nos traces organiques que nous ignorons, restes de nos envies, déchets de notre éducation...traces de passage de nos fantasmes inassouvis.
Sans tomber dans le piège de la photo clinique, analyse scientifique du vivant, Marie-Magdalene garde son goût du baroque, du scalpel pour nous rapprocher de l'animal qui sommeille en nous et de l'image cireuse que se font les êtres de leur désir charnel.
Lewis Carrol se promenant avec les yeux Edgar Alan Poe, chaque cliché est une vision crue d'un monde que nous ne voyons pas, un monde mue de noirceur mais qui ne nous est pas inconnu.
Au sein de ses clichés, osez vous avouer que les regards de cette poupée de "porcel-haine", que la duchesse de la petite boutique des erreurs, que le Martyr qui vie la culture pour s’éloigner du culte, vous observent car c'est vous la bête curieuse. Des êtres sains dans leur monde et malsain dans le nôtre.
Au sortir de son univers, à votre tour d'être dénudé et de contempler ce qui vous entoure par un œil cerné d'ébène.

Cyril Conforti

Tags

See All Tags (8)